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Trip Jones Mat

By 1 décembre 2017Snow

C’est l’histoire d’un rêve de gosse qui prend forme. Comme un cadeau tombé du ciel de Maurienne, un beau jour de poudre de janvier, l’annonce fût aussi simple qu’inattendue :


“ – Mat,  3 jours en Autriche avec Jeremy Jones et toute sa bande pour un tour de splitboard la semaine prochaine, t’es chaud ?
–  Eeuh ben, hein !? ouais, ok ! grave!!! “

Une semaine et 11h de route plus tard, je suis le premier arrivé au pied du Dachstein, dans les montagnes du Salzbourg autrichien. Je vais retrouver une poignée de privilégiés venus de toute l’Europe pour partager “ce pour quoi on se lève tous les matins”.

Distributeurs, concepteurs, graphistes, riders du team Jones, médias ou détaillants de la marque comme moi, allons passer 3 jours dans un lodge.

Et ce, pour aucune raison particulière, si ce n’est de se retrouver autour d’une passion commune, de passer du bon temps de ride, d’after sessions et d’échanges sur la vie, de notre façon de consommer le snowboard, le schnaps et le struggle, en compagnie de l’idole de toute une génération, la mienne en tout cas. Tout ceci dans un autre cadre que dans celui du “snowboard business” des salons commerciaux, avec un décor sacrément plus sexy qu’une usine.

Après quelques runs de reconnaissance en solitaire, je prends le pouls du domaine de Krippenstein. Station familiale avec pour ainsi dire une seule piste, bleue, bien large et peu pentue, desservie par une seule et unique télécabine, et qui descend sur une douzaine de kilomètres. C’est surtout dans son domaine freeride que réside le réel intérêt de cette station, avec une foultitude de possibilités pour des runs qui partent dans tous les sens selon le relief absolument atypique de la région du Dachstein. Côté sud, ce sont des grandes barres rocheuses sur 1000m de dénivelé qui se dressent, avec des couloirs, goulets et passages en forêts techniques et engagés, quand le Nord offre tout l’inverse, un grand plateau de roches calcaire qui s’étend sur 75km en dénivelé très doux jusqu’à des glaciers.

Je constate que l’hiver a mieux démarré dans cette partie-là des Alpes que chez nous avec une sous-couche bien en place, mais avec une limite pluie-neige qui a fait le yo-yo ces derniers jours, une neige “grumeleuse” sur le bas du domaine et du vent au sommet, il ne faudra pas s’attendre à des conditions épiques…

Je retrouve les premiers arrivants en haut du domaine de Krippenstein (2108m), juste à côté du Lodge où nous allons passer les 3 jours. La vue est spectaculaire, le plateau s’étend à nos pieds sur des kilomètres et on profite d’un magnifique panorama dans les grandes largeurs. On échange les premières banalités d’usage et la glace se brise très rapidement. Je constate que tout le monde est fervent pratiquant snow et split, conscient de sa chance et super motivé. Je fais partie d’un premier groupe de 4, désireux d’explorer un peu le coin en attendant le reste de la troupe par une petite balade en split histoire d’allier l’utile à l’agréable et de se décrasser pour la grande marche du lendemain. Trop cool ! Petite session au coucher de soleil sur les montagnes autrichiennes, c’est à ce moment que je réalise vraiment que j’y suis, et que forcément ça va être mortel !

A notre retour, le reste du crew est arrivé. Mister Jones est parmi eux, le pro-rider du team Mitch Toelderer est là aussi, les suisses de chez Nidecker et plein d’autres, que des gens super cool. Personne ne roule des mécaniques, tout le monde a le sourire et les gens sont sincèrement heureux d’être là et de partager cette expérience. C’est un réel bonheur de se retrouver parmi tous ces inconnus qui partagent un centre d’intérêt commun : on va manger snowboard, dormir snowboard et respirer snowboard pendant 3 jours, c’est le gros kiff!!

Après une rapide installation dans le Lodge, un hôtel-restaurant d’altitude tout confort qui sera notre camp de base, le lancement du séjour est entériné autour d’un repas bien typique par quelques tournées de bière, et du “ziber schnaps” local pour les plus vaillants. Tout le monde se mêle avec tout le monde, le contact est facile et c’est comme si on retrouvait des vieux copains. Mon anglais peine à revenir mais le schnaps rattrappe le coup sur 2-3 onomatopées et ma gestuelle plus qu’imparfaite s’occupe du reste. Addicted est dans la place ! Pas d’excès toutefois, et la soirée ne s’éternise pas au regard de l’échéance du lendemain.

7h du matin, une vingtaine de personnes compose le groupe pour la journée de split.
Pas de débutants chaque rider est un pratiquant régulier, équipé en Jones jusqu’aux oreilles évidemment. Le guide de montagne dont on dispose pour les 2 jours de ride nous fait un rapide briefing sur les dangers du terrain notamment, la région étant parsemée de trous de calcaire et autres dolines recouverts par des ponts de neige durant l’hiver, et par mauvais temps l’orientation sur un sol uniforme comme celui-là peut être compliquée.

En tout cas le soleil rayonne aujourd’hui, ni trop chaud ni trop froid c’est parfait pour crapahuter. Nous commençons notre ascension du circuit appelé “Rumplerrunde” ( littéralement le “circuit froissé”) à travers des décors magnifiques, un mix de steppes et de vallons assez lunaires qui font se sentir loin de tout. Le dénivelé est très doux et permet de discuter sans trop s’essouffler. Ça tombe bien, mon compagnon de cordée sur cette première partie est Jeremy Jones, et j’ai plein de questions à lui poser!

Le bonhomme est hyper accessible, très ouvert et curieux de la vie de tout le monde. Un homme sage et réfléchi, engagé sur les défis de son époque face à l’empreinte de l’Homme sur la nature, investi dans la protection de l’environnement par le biais de Protect Our Winters, un groupe de défense du climat pour la communauté des sports d’hiver qu’il a créé en 2007 ( et dont nous aurons l’occasion de parler dans un prochain article ).



Un peu du mal à réaliser sur le moment que ce mec-là est le même que celui qui descend les pentes les plus folles de la planète, qui a repoussé les limites du snowboard vidéos après vidéos et qui encore aujourd’hui me fait  briller les yeux.


Il est pour beaucoup dans ce que ma passion est devenue et la place qu’elle a prise, une source de motivation parfaite avant chaque bonne session ! On sent qu’il a la caisse, je crois qu’il pourrait faire l’ascension en moonwalk !

Tout le monde a, de toute façon, un bon rythme et le niveau est assez homogène, l’allure est bonne et après 4h à s’en mettre plein les mirettes, la récompense se profile. Le Dachstein est là, la vue est à couper le souffle. Plutôt satisfait de mon effort, je ne sais heureusement pas encore ce qui nous attend…

Le groupe se restaure rapidement puis “conversion en mode snowboard” pour enfin manger de la pente ! Tout le monde se jette dans les 30cm de powpow et veut sa part du gâteau, ça slashe, ça jumpe, le terrain est inégal sur cette première partie, peu de pente mais du relief pour sauter à droite à gauche.
Des sourires et du kiff, l’allure est soutenue malgré le grand nombre, et je dois me pincer pour réaliser que je ride avec J.Jones, au top !

Trop de bonheur !

Très rapidement pourtant, la réalité du terrain nous rattrape, et c’est une succession de montées et descentes qui s’enchaînent jusqu’à notre retour au QG. Pendant environ 3h, on va descendre des portions de 50m puis remonter la même chose avec la board sous le bras… Assez éprouvant pour le coup ! Je lis sur le visage des gens que personne ne s’attendait vraiment à ça, l’appellation “circuit froissé” prend alors tout son sens. À côté de moi Blue Tomato est tout rouge et jure en allemand, et le guide a les oreilles qui sifflent… Les gens gardent malgré tout le sourire, le paysage est sublime. Comme dirait l’autre, “ the journey is the reward”.

Après 8h d’efforts et environ 22km, plus personne ne fait le malin, tout le monde est rincé-essoré, mais la bière a le meilleur goût du monde ! Chill et Yoga au programme du soir, encore une soirée à la cool !

Le lendemain on retrouve le guide pour explorer l’autre partie du domaine. La journée de la veille a laissé des traces, on n’est plus que 6 ! Le staff Jones, Tom de ZeroG à Chamonix, Dani, rideuse autrichienne Jones et moi-même.

Il est décidé à l’unanimité qu’il n’y aurait pas de split aujourd’hui, que du ride ! Le guide nous emmène dans une partie peu tracée et protégée du vent, dans l’espoir de trouver des petites accumulations. Bingo ! Les runs s’enchaînent avec un bon petit matelas sous les pieds, on peut enfin prendre de la vitesse et s’exprimer pleinement ! Sauts de barre, rotations, belles courbes et ruptures de pentes déroulent au milieu des cours d’histoire de la région du guide, tout le monde s’encourage et se congratule, le niveau est bon, j’en prends plein les yeux ! Au milieu de nous tous, Jeremy Jones est le parfait compagnon de ride. Il a toujours le sourire et s’émerveille du moindre saut. Au vu de son CV il pourrait profiter de son statut, mais au contraire il respire beaucoup d’humilité. Son ride est tout tranquille, il n’en fait pas trop. En même temps je crois que le monsieur n’a rien à prouver !  Le panorama rajoute encore un peu de magie au moment, j’étais venu chercher du dépaysement, le décor du Salzbourg m’a servi !

La journée se poursuit comme ça, comme une journée parfaite entre potes telle qu’il n’y en a jamais assez ! Une dernière descente vient conclure la session, puis le séjour. J’ai encore des étoiles plein les yeux au moment de quitter mes compagnons, et le sentiment d’avoir partagé quelque chose de particulier…

Sur la route du retour, je prends ma “wish-list” : “Rider avec Jeremy Jones”, check !

A l’heure du bilan, plusieurs enseignements. D’abord Jones est une marque de passionnés. Je m’en doutais mais le constat est là, et outre le niveau qui indique qu’ils passent beaucoup de temps à rider, il n’a jamais été question de business pendant ce séjour mais d’échanges sur le vécu de chacun à la fois en tant que rider, et aussi humainement. Le sentiment de faire partie de la grande famille du snowboard où tout le monde partage la même quête, du consommateur au grand Sachem de la marque.


Il ne s’agit pas d’une multinationale où les acteurs sont derrière un bureau loin des préoccupations du rider du dimanche, mais bien de pratiquants snowboard et splitboard de notre époque, concernés pour donner le meilleur produit final possible, et faire de l’expérience sur la neige un moment unique.

 

Ensuite et depuis le début, Jones est une marque éco-responsable. Par l’action de son créateur et l’énergie de son équipe, les snowboards tendent à devenir les plus durables possibles, tout en réduisant le poids et en augmentant les performances, mais aussi à réduire l’empreinte carbone au maximum, grâce entre autres à l’utilisation de produits recyclés, à la réduction des transports et à une usine propre. Les marques de snowboard pullulent, mais finalement peu d’entre elles se remettent en question et s’engagent autant pour améliorer notre façon de consommer le snowboard. Jones amène un peu d’harmonie avec notre environnement. Et mieux connaître l’origine des boards qu’on a sous les pieds est autrement plus satisfaisant que de céder parfois à la facilité…

 

Merci à Fab et Julien de Jones France pour le privilège de cette expérience unique, Addicted pour l’opportunité et l’activisme, Jeremy pour l’inspiration, Seth, Xavier, Cedric, Tom, Dani et tous les autres.